Historique du PCS Goujons
L’immeuble des goujons , dont la construction s’est achevée en 1978, fut autrefois le fleuron du Foyer Anderlechtois mais a vite perdu de sa superbe, au fil de sa détérioration favorisée par une conception peu adaptée aux besoins des locataires. Typique de la politique d’édifications de grands ensembles de l’époque, l’immeuble comprend 382 logements, répartis sur 18 étages, et réunit plus de 900 habitants. Résultat: à vouloir loger un maximum de personnes dans un espace donné, on oublie les aspects humains. Ainsi, si l’intérieur des appartements est confortable et l’agencement est rationnel, l’isolation phonique et thermique est inexistante.
Aux abords de l’immeuble, rien n’avait été prévu (l’immeuble a été construit sur l’emplacement d’une ancienne usine) et aucun lieu de vie où les habitants puissent se rencontrer n’existait. Tout le monde y vivait dans une promiscuité forcée, sans lieu ni dispositif pour soutenir un lien social positif.
Des incendies criminels dans les parties communes de l’immeuble avaient engendré un climat de suspicion, voire de paranoïa entre les locataires mais ces désordres doivent être vus comme le symptôme d’un dysfonctionnement bien plus profond.
Dès le début du PCS, l’ULAC a refusé de voir les problèmes liés à la cohésion sociale comme la conséquence du comportement des habitants mais a voulu envisager l’analyse de la situation de manière globale. Ainsi, rapidement, le constat s’est porté sur le cadre de vie et les revendications sur la rénovation de l’immeuble.
Nous ne nous sommes jamais contentés de faire de l’animation ou de la médiation et la mise en place de services de proximité répondant à la demande des habitants constitue notre identité.
C’est quoi un PCS ?
Les Projets de Cohésion Sociale (PCS) sont des dispositifs d’actions sociales communautaires subsidiés et encadrés par la Société du Logement de la Région de Bruxelles-Capitale.
Le PCS se situe dans un périmètre de logements sociaux (ici la tour des Goujons appartenant au Foyer Anderlechtois) tout en restant ouvert sur le quartier.
Créé au départ dans un contexte d’insécurité des « quartiers » de la fin des années 90, le dispositif PCS se propose de travailler sur la relation entre la société de logement et les locataires mais aussi sur les relations entre les habitants eux-mêmes. Les activités sont développées dans le but d’améliorer la qualité de vie des habitants.
Les deux axes principaux :
• La participation des habitants
• L’action collective
La « cohésion sociale » à laquelle nous travaillons répond aussi aux critères du décret COCOF portant le même nom : « Par cohésion sociale on entend l’ensemble des processus sociaux qui contribuent à assurer à tous les individus ou groupes d’individus, […] le bien-être économique, social et culturel, afin de permettre à chacun de participer activement à la société et d’y être reconnu. »
« Ces processus visent en particulier la lutte contre toute forme de discrimination et d’exclusion sociale par le développement de politiques d’intégration sociale, d’interculturalité, de diversité socioculturelle et de cohabitation des différentes communautés locales. » (Décret relatif à la cohésion sociale du 13 mai 2004).
Les dispositifs de cohésion sociale partenaires de bailleurs sociaux et ceux relevant des subsides communautaires ont des objectifs communs de participation des publics à la citoyenneté et de lutte contre l’exclusion sous toutes ses formes.
Notre action se veut locale et indépendante. Par notre identité d’union de locataires, nous œuvrons à restaurer la capacité d’action et le réel accès aux droits pour tous.
ULAC et le PCS Goujons
Le projet de cohésion sociale (PCS) qui se développe depuis 1999 sur Les Goujons est le premier à Bruxelles.
La participation des habitants, un projet toujours en construction
Différents moments-clés constituent des étapes importantes dans le développement du projet. Dès 2000, la constitution d’un comité d’habitants (Comité du Bout du Monde), l’édition d’un journal de liaison, la « Chronique des Goujons » et la mise en place de permanences sociales permettront d’avancer vers une participation active.
On se souvient que de ces réunions d’habitants et de la compilation des plaintes individuelles, plusieurs réalisations collectives sont nées. La transformation du terrain vague voisin en parc (2003), l’ouverture de l’école de devoirs Arc-en-ciel, la construction du local communautaire et la mise en route des services de proximité (service d’aide ménagère, lavoir social et équipe d’embellissement) en constituent la « première vague ».
Le public est en demande, les besoins sont criants et des ressources sont à mobiliser.
Les actions passées sont pérennisées et continuent à évoluer tandis que de nouveaux projets se mettent en place.
Nous avons été partie prenante dans la participation citoyenne du contrat de quartier canal-midi (2011-2014), ce qui a débouché sur deux réalisations majeures dans l’amélioration des abords de l’immeuble.
Une identité positive pour les Goujons
L’image d’un Cureghem, quartier pauvre et délaissé devant être « réhabilité » est bien différente quand on va à la rencontre de ceux qui y vivent et qu’on leur redonne une parole légitime. Un sentiment d’appartenance très fort réunit les habitants des Goujons. Quels que soient leurs griefs, leurs exaspérations, leur mal de vivre, l’ambivalence des perceptions qu’ils ont de leur environnement, un puissant lien affectif les rattache à ce quartier au point que l’on peut parler d’une identité Goujons. Cette identité est un moteur, une dynamique pour concrétiser des actions sociales de type communautaire et renforcer la cohésion sociale de ce petit village vertical. Les habitants participent, s’impliquent dans les projets. Ils veulent renvoyer une image positive du quartier en démontrant par les actes que tout n’est pas si gris et que chacun peut apporter sa pierre à l’édifice.